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Réponses humorales et cellulaires aux vaccins à ARN messager contre la Covid-19 chez des patients atteints de cancers

Les patients atteints d’un cancer sont exclus des essais cliniques qui visent à tester l’efficacité de la vaccination. Ainsi très peu d’études ont été menées sur l’effet de la vaccination contre la Covid-19 chez cette population vulnérable. L’objectif de cet article est donc d’évaluer l’efficacité du vaccin par ARN messager contre la Covid-19 chez des patients atteints de cancers solide ou hématologique. Les réponses immunitaires sont étudiées en termes de réponses humorales (production d’anticorps contre la protéine Spike) et cellulaires (génération de cellules T). Le type de cancer, l’influence de la seconde dose de vaccination ainsi que l’effet des traitements anticancéreux sur la réponse immunitaire sont évalués à partir de l’analyse de quatre études analysées dans cet article. Les résultats obtenus ont montré l’importance de la seconde dose de vaccination pour protéger au mieux les patients atteints d’un cancer. Elle est nécessaire pour atteindre des taux de réponses immunitaires comparables au groupe témoin mais non suffi sante pour certains patients. En effet, chez les patients atteints d’un cancer solide, les réponses humorales sont suffisantes pour les protéger dans plus de 90 % des cas alors que les réponses cellulaires sont partielles (en moyenne 50% des patients sont protégés). Concernant les patients atteints d’un cancer hématologique, les réponses cellulaires et humorales demeurent partielles (autour de 60 % en moyenne) après la deuxième dose de vaccination. Les articles ont aussi montré que certains traitements (l’immunothérapie, les traitements anti-CD20, BTKi ou la prise de stéroïdes) inhibaient les réponses immunitaires chez ces patients. En conclusion, il est nécessaire de protéger les patients atteints d’un cancer contre la Covid-19 à l’aide d’au moins deux doses de vaccination. En effet, cette population demeure très vulnérable et développe généralement des réponses humorales et cellulaires en-dessous des groupes témoins malgré les deux doses de vaccination.

L’immuno-oncologie pour les non immunologistes

Le rôle du système immunitaire dans le contrôle de la croissance et de l’invasion tumorale est désormais établi. Parmi les effecteurs immunitaires, les lymphocytes T CD8+ jouent un rôle majeur dans l’élimination des cellules tumorales. Les lymphocytes NK sont également impliqués. Cependant, les tumeurs développent des mécanismes leur permettant d’échapper au contrôle du système immunitaire. Ces mécanismes peuvent être liés à la cellule tumorale elle-même, ou faire intervenir des cellules immunitaires possédant des propriétés immunosuppressives. Par exemple, les cellules tumorales peuvent perdre l’expression d’antigènes tumoraux à leur surface, les rendant ainsi invisibles aux lymphocytes T. Elles peuvent également induire le développement de lymphocytes T régulateurs ou de cellules myéloïdes suppressives qui inhibent les effecteurs de l’immunité anti-tumorale. Enfin, les cellules tumorales peuvent induire l’épuisement des lymphocytes T qui est caractérisé par l’expression de molécules inhibitrices telles que PD-1 et Tim-3 et s’accompagne d’une perte de leur fonction. Des anticorps monoclonaux ont été développés ciblant différentes molécules exprimées soit par les cellules tumorales soit par les cellules immunitaires. Certains anticorps comme les anticorps ciblant PD-1 (ou son ligand PD-L1) ou CTLA-4 possèdent des propriétés immunomodulatrices. Ils lèvent l’inhibition de la réponse immunitaire anti-tumorale et provoquent sa ré-activation. L’utilisation de ces anticorps en clinique a permis une avancée thérapeutique majeure dans le traitement des cancers. Cette mise au point retrace les principaux mécanismes de l’immunité anti-tumorale, les mécanismes d’échappement développés par la tumeur ainsi que les anticorps utilisés en clinique.