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Lymphome B diffus à grandes cellules R/R et anticorps bispécifiques : un nouvel espoir à l’ère de l’immunothérapie

La prise en charge des lymphomes B diffus à grandes cellules (LBDGC) en rechute ou réfractaires est un défi , du fait du pronostic sombre. Les CAR-T cells ont actuellement l’autorisation de mise sur le marché (AMM) en deuxième ligne, mais se heurtent à un délai de fabrication incompressible de 4 à 6 semaines, et à un taux d’échec de l’ordre de 60 % à moyen terme. Le développement sur les dernières années de l’immunothérapie, et plus spécifiquement des anticorps bispécifiques CD3xCD20, offre l’opportunité d’améliorer le pronostic de ces patients, avec des taux de réponse entre 50 et 65 % en monothérapie, dont 30-40 % de réponses complètes. Deux anticorps CD20xCD3, le glofitamab et l’epcoritamab, ont d’ailleurs obtenu en septembre 2023 une autorisation d’accès précoce en troisième ligne. Leur profil de sécurité favorable en fait aussi une éventuelle ressource à associer à d’autres stratégies thérapeutiques (immunomodulateurs, autres immunothérapies ou thérapies ciblées, voire chimiothérapie…). Nous présentons le cas d’un patient atteint d’un LBDGC stade IV primo-réfractaire à deux lignes de traitement dont un comprenant des anthracyclines, chez qui nous avons initié un traitement par epcoritamab. Il présentera rapidement une amélioration clinique avec, après trois cycles, une TEP-TDM qui montre la réponse métabolique complète. Si la prise en charge des LBDGC en rechute ou réfractaires a largement été dominée par une autre immunothérapie, les CAR-T cells, les anticorps bispécifiques viennent aujourd’hui compléter l’arsenal thérapeutique et offrent un nouvel espoir, notamment chez les patients non éligibles à la chimiothérapie et/ou aux CAR-T cells.

Impact d’une chimiothérapie de type bridging dans le lymphome B diffus à grandes cellules en rechute ou réfractaire traité par CAR T-cells anti-CD19 : expérience de vie réelle

Nous avons réalisé une étude rétrospective afin d’évaluer l’impact de la bridging therapy (chimiothérapie d’attente) sur le contrôle de la maladie avant réinjection des CAR T-cells, et sur l’efficacité et la toxicité des CAR T-cells chez les patients traités par cette thérapie innovante pour un lymphome B diffus à grandes cellules en rechute/réfractaire dans notre centre (service Hémato-Oncologie, Hôpital Saint-Louis, AP-HP). Quarante-six patients ont été inclus, 30 ont reçu une bridging de haute intensité, 16 de faible intensité. Les patients ayant reçu une bridging de haute intensité avaient un lymphome de plus forte masse tumorale lors de la décision thérapeutique que les patients ayant reçu une bridging de faible intensité. Il n’y avait pas de différence significative entre les 2 groupes en termes de contrôle de la maladie avant réinjection des CAR T-cells, ni en termes d’impact sur l’efficacité des CAR T-cells. En revanche, nous avons observé significativement plus de toxicité neurologique centrale (ICANS) chez les patients ayant reçu une bridging de haute intensité.

Brefs en hématologie

Soixante ans après la première greffe allogénique de moelle osseuse, l’actualité en onco-hématologie est maintenant celle du daratumumab (anticorps monoclonal anti CD38 ciblant les plasmocytes), des inhibiteurs du point de contrôle (checkpoint) immunitaire (dont les anti-PD1 et leur efficacité dans le lymphome de Hodgkin), et des CAR T cells (lymphocytes T avec un récepteur à l’antigène chimérique, prouesse technique initialement testée dans la leucémie aiguë lymphoblastique et désormais dans de nombreuses autres indications hématologiques dont le lymphome B diffus à grandes cellules). Ces nouveaux acteurs qui ont enrichi l’hématologie en 2016 sont bien la preuve que le secteur de l’immuno-hématologie est en pleine croissance.