Éditorial

Chers collègues,
J’ai le plaisir de vous présenter un numéro exceptionnel de par la richesse de l’information qu’il contient. Les données récentes sur la place de l’immunothérapie dans la stratégie thérapeutique des cancers présentées lors des 9es Journées Scientifi ques Immunité et Cancer (JSIC 2025) sont colligées dans la Mise au point (Nicolas Boissel, Antoine F Carpentier, Brigitte Dreno, Jérôme Fayette, Laurent Greillier, Marine Gross-Goupil, Roch Houot, Alexandra Leary, Philippe Moreau, Jean-Yves Pierga, Julien Taieb), très utile pour ceux qui n’ont pas pu suivre la totalité des 9es JSIC en raison des sessions parallèles. Il y apparaît que l’obtention d’un bénéfice clinique dans les différents cancers nécessite des stratégies cancer-spécifiques, ce qui oriente les recherches vers l’utilisation de nouvelles combinaisons d’ICI permettant de faire sauter ou de contourner les barrières de la résistance liées au microenvironnement tumoral.
Avec ses 14 auteurs, le riche Dossier thématique (Frédéric Bibeau, François Audenet, Norbert de Brek, Mélitine Clerc, Clélia Coutzac, Élisa Funck-Brentano, Séverine Guiu, Alexandre Harle, Racha Mansar, Pauline Marolleau, Chloé Molimard, Franck Monnien, Philippe Saiag, Virginie Westeel) qui suit la Mise au point présente pour la première fois des regards croisés d’oncologues, de chirurgiens, de pathologistes et de biologistes sur l’immunothérapie néoadjuvante, ses succès actuels et ses limites dans les différents cancers. L’importance de l’évaluation de la réponse pathologique compte tenu de son impact clinique y est discutée en profondeur, et souligne la nécessité d’une classification standardisée pour évaluer ce paramètre.
L’optimisation des stratégies d’immunothérapie post-chirurgie dans le cancer du sein triple-négatif avec maladie résiduelle est discuté à la lumière des résultats fi naux de l’essai de phase II BreastImmune-03 (cf. Article bref ; Olivier Trédan). Le Cas clinique présente pour la première fois dans LA REVUE Immunité & Cancer un cas d’interaction médicamenteuse, celui de pemphigoïde bulleuse survenue sous immunothérapie et inhibiteurs de DPP4 (DPP4i), les gliptines, utilisées en cas de diabète (Fabien Moinard-Butot, Philippe Barthélémy). Les potentiels mécanismes sous-jacents y sont discutés.
La thérapie par CAR T-cells ciblant CD19, de plus en plus utilisée pour traiter les lymphomes B agressifs, s’accompagne souvent d’un syndrome de neurotoxicité associé aux cellules effectrices immunitaires (ICANS). Deux études récentes sont présentées et indiquent une corrélation entre les taux de chaînes légères de neurofilaments (Nfl), paramètre de plus en plus utilisé en neurologie comme marqueur de lésions axonales, et l’incidence d’ICANS, ouvrant ainsi la voie à la possibilité d’utiliser Nfl comme marqueur prédictif précoce (cf. Article bref ; Marion Larue, Sophie Caillat-Zucman).
Enfin, l’OEil de l’interne se tourne vers la problématique de la défi nition de bons marqueurs pour les diff érentes populations de macrophages qui peuvent avoir des eff ets pro ou antitumoraux. Il est montré que l’un des marqueurs considéré comme phare des macrophages M2 protumoraux, le CD206, fait partie intégrante d’un axe antitumoral incluant aussi les cellules NK, les cellules dendritiques conventionnelles cDC1 et les lymphocytes T CD8 (Marie Robert, Audrey Paoletti). Il va être nécessaire de revoir certaines données de la littérature à la lumière de cette information sur des cellules ayant une très grande plasticité selon l’environnement tumoral.
Un énorme merci à tous les auteurs qui ont participé à ce numéro de LA REVUE Immunité & Cancer, malgré leur surcroît de travail dans le contexte difficile de la médecine hospitalière.
Pr Catherine SAUTÈS-FRIDMAN
Rédactrice en chef de LA REVUE Immunité & Cancer
Rev Immun Cancer 2025 ; 9 (1) : 3.