Editorial Volume 3 – Numéro 4

Chers Collègues,

Alors que de nombreux progrès ont été réalisés dans la connaissance du rôle de l’infiltrat immunitaire intra-tumoral sur la progression tumorale et la métastase, le rôle des fibroblastes est un domaine qui reste encore à explorer. Les fibroblastes ont été longtemps considérés comme favorisant la croissance tumorale par la sécrétion de TGF-bêta et de protéines de la matrice extracellulaire (collagène par exemple). Cependant, des études récentes suggèrent qu’ils sont capables de présenter des antigènes tumoraux, de dialoguer avec les différents types cellulaires du microenvironnement, de jouer un rôle dans les défenses antitumorales, pouvant ainsi fournir de nouvelles cibles thérapeutiques. Ces questions sont abordées dans la « Mise au Point » réalisée par Andrei Turtoi.

Les fibroblastes associés au cancer, modulateurs de l’immunité tumorale

Le « stroma » tumoral est un complexe  de  cellules immunitaires,  de vaisseaux  sanguins  et  lymphatiques, de fibroblastes et de matrice extracellulaire.  Les immunothérapies qui ciblent  la composante  immunitaire du stroma tumoral ont profondément transformé la façon dont les patients atteints de cancer sont et seront traités à l’avenir. Les fibroblastes et les cellules endothéliales sont désormais  devenus des facteurs clés  du paysage  immunitaire  tumoral. Notre capacité  à comprendre  les interactions  paracrines  entre ces   cellules et les composants immunitaires s’avérer a décisive pour faire progresser les thérapies immunitaires. Cette revue se concentre sur les fibroblastes, l’un des types cellulaires les plus polyvalents de  l’écosystème stromal. Elle vise à décrire les interactions entre les différents types de cellules immunitaires et les fibro­blastes associés au cancer

Prise en charge des effets indésirables de l’immunothérapie des cancers

L’arrivée des nouvelles immunothérapies anti-CTLA-4 et anti-PD-1/PD-L1 constitue une réelle révolution en oncologie médicale. Tout d’abord, leur mécanisme d’action est un vrai changement de paradigme : au lieu de cibler la cellule tumorale elle-même, ces traitements cherchent à vaincre l’immunosuppression induite par la tumeur ou son microenvironnement. En levant les freins du système immunitaire, ces bloqueurs des points de contrôle du système immunitaire permettent d’induire des réponses antitumorales prolongées et d’augmenter la survie des patients. Ces nouvelles immunothérapies présentent également un profil de toxicité différent des traitements anticancéreux conventionnels, appelés effets indésirables liés à l’immunité [EILI]. Ils résultent de l’activation du système immunitaire contre les tissus normaux de l’organisme et peuvent être à l’origine de manifestations auto-immunes. Ce profil singulier de toxicité nous pousse à modifier nos pratiques cliniques : c’est l’objet de cette revue qui fera le point sur les différents effets indésirables et leur prise en charge.

Les défis de la prise en charge des syndromes paranéoplasiques neurologiques

Les syndromes paranéoplasiques neurologiques sont rares, souvent retrouvés dans les cas de cancer broncho-pulmonaire à petites cellules. Cet article rapporte deux cas de cancer broncho-pulmonaire à petites cellules afin de discuter des difficultés de prise en charge des syndromes paranéoplasiques neurologiques. Le premier cas porte sur un grand mal épileptique et une agitation secondaire à une encéphalite limbique paranéoplasique d’évolution rapide. Le deuxième cas correspond à une dégénérescence cérébelleuse associée à un syndrome de Lambert-Eaton. Les syndromes neurologiques, le dosage des anticorps onconeuraux et la recherche de cancer sous-jacent permettent d’asseoir le diagnostic. Le traitement antitumoral constitue le pilier de la prise en charge.

Classification immunitaire des sarcomes des tissus mous : réponse à l’immunothérapie et rôle des structures lymphoïdes tertiaires

Les sarcomes des tissus mous (STM) sont des cancers rares qui représentent environ 1 % des tumeurs solides de l’adulte, soit 400 nouveaux cas par an en France. On dénombre plus de 50 sous-types histologiques de STM, ce qui en fait un type de cancer particulièrement hétérogène. Probablement en raison de cette hétérogénéité, ainsi que de la rareté des cas, l’impact de l’immunité dans les STM n’a été jusqu’ici que très partiellement étudié. De manière générale, les STM sont considérés comme des tumeurs de faible infiltrat immunitaire. De plus, la plupart des travaux de la littérature s’appuient sur des cohortes de faible effectif. Cette étude , présentée au congrès de l’ESMO et sous presse dans la revue Nature, vise à analyser plus en détail l’étendue de l’infiltrat immunitaire dans les STM ainsi que l’impact clinique de celui-ci, tant sur la survie des patients que sur leur réponse aux immunothérapies par inhibition des points de contrôle immunitaires.

Les lymphocytes T régulateurs, responsables de l’hyperprogression sous immunothérapie par anti-PD-1 ?

Les stratégies thérapeutiques anticancéreuses ont énormément évolué au cours de ces dernières années, avec une place de plus en plus importante accordée aux immunothérapies. Les inhibiteurs de checkpoints immunitaires, ont révolutionné le domaine de l’oncologie et se montrent actuellement comme un dernier espoir pour de nombreux patients atteints d’un cancer à stade avancé. À ce jour, l’une des approches les plus utilisées est l’administration d’un anticorps monoclonal dirigé contre PD-1, tel que nivolumab ou pembrolizumab. En effet, la liaison entre PD-1 (exprimé par les lymphocytes T) et son ligand PD-L1 (exprimé par les cellules tumorales) inhibe l’activité des cellules immunitaires ; les anticorps anti-PD-1 lèvent cette inhibition, permettant au système immunitaire d’exercer son activité anti-tumorale.

Quelle combinaison privilégier en première ligne métastatique dans le carcinome rénal à cellules claires à l’ère des inhibiteurs de point de contrôle immunitaire ? Etude comparative de deux études de phase III : CheckMate 214 et Keynote 426

Angiogenèse et microenvironnement immunitaire sont impliqués dans la carcinogénèse du carcinome rénal à cellules claires métastatique [CRCCm], dans lequel les inhibiteurs de tyrosine kinase [ITK) anti-angiogé­niques ont montré leur efficacité ainsi que les inhibiteurs de point de contrôle immunitaire en deuxième ligne. Deux récentes études de phase III ont comparé en première ligne le doublet nivolumab-ipilimumab [dNI) [CheckMate 214) et le doublet pembrolizumab-axitinib [dPA) [Keynote 426) au sunitinib, traitement de référence. Les résultats montrent que les deux doublets sont supérieurs au traitement de référence. Ce­pendant, l’efficacité du dPA semble être supérieure en termes de survie globale, survie sans progression et réponse objective. Le dNI permet plus de réponses complètes avec un meilleur profil de tolérance. Cepen­dant, la question des résistances aux ITK après traitement par dPA se pose en cas de progression. Ces deux nouvelles associations confirment l’importance de l’immunothérapie dans le CRCCm. L’intérêt de leur as­sociation aux ITK anti-VEGFR reste à définir.