Editorial

Chers collègues,
Bonne nouvelle, le paysage s’éclaircit au niveau des traitements des cancers de la femme par immunothérapie. Le dossier thématique de ce 2e numéro de l’année de LA REVUE Immunité & Cancer aborde la question du cancer de l’endomètre dont l’essentiel de la prise en charge était basé sur une stratégie de première ligne associant carboplatine-paclitaxel avec un taux de réponse allant de 40 à 62 %, à des stratégies de secondes lignes de chimiothérapie très décevantes associées à des taux de réponses très faibles. L’arrivée des ICI seuls ou en combinaison change la donne dans les cancers de l’endomètre avec des réponses notables en 2e ligne et de nombreux essais de phase III en cours (Laura Mansi, Fernando Bazan, Guillaume Meynard, Meher Nasri, Benoît You, Elsa Kalbacher). Autre pas en avant, dans le cancer du sein métastatique HER2low HR+ et HR- : la présentation des résultats de phase III de l’étude Destiny Breast cancer 04 au dernier congrès de l’ASCO,…

Immunothérapies, microbiome et cancer

Les inhibiteurs de point de contrôle immunitaire (ICI) ont montré un bénéfice clinique inégalé dans plusieurs cancers et représentent désormais le traitement standard pour le cancer du poumon non à petites cellules (CPNPC), le mélanome métastatique et le cancer du rein. Cependant, les taux de progression restent élevés. De façon surprenante, le microbiote intestinal s’est révélé être un élément clé dans la réponse aux ICI, devenant une nouvelle cible pronostique et thérapeutique en immuno-oncologie. Plusieurs stratégies pour modifier le microbiome afin d’augmenter l’efficacité des ICI sont en cours d’étude telles que les transplantations de microbiome fécal (TMF), l’administration de probiotiques et de prébiotiques.

Place de l’immunothérapie dans le cancer de l’endomètre métastatique, le début d’une longue histoire !

La prise en charge du cancer de l’endomètre (CE) métastatique a pris un virage considérable ces derniers mois. Jusqu’à présent, l’essentiel de la prise en charge était basé sur une stratégie de première ligne associant carboplatine-paclitaxel avec un taux de réponse allant de 40 à 62 %, et des stratégies de secondes lignes de chimiothérapie très décevantes associées à des taux de réponses très faibles. Environ 13 à 30 % des CE métastatiques sont MSI ou dMMR. Ainsi, les inhibiteurs de checkpoint immunitaire (dostarlimab et pembrolizumab notamment) se sont d’abord positionnés en monothérapie en 2e ligne, dans les CE métastatiques dMMR/MSI, avec des taux de réponses en monothérapie variant de 49 à 57 %. Dans les CE métastatiques pMMR/MSS, l’activité de la mono-immunothérapie est très modeste, avec des taux de réponses allant de 3 à 23 %. L’amélioration des connaissances biologiques des CE a ainsi permis une multiplication des études d’association thérapeutique aboutissant aujourd’hui à une deuxième ligne standard associant pembrolizumab-lenvatinib, en accès précoce, indépendamment du statut MMR. De nombreuses réflexions sont nécessaires afin d’affiner le choix optimal de stratégie d’immunothérapie (monothérapie ou bithérapie) en fonction de la signature immunologique et moléculaire tumorale, dans un objectif conjoint de limitation des toxicités. De très nombreuses études de phase III sont en cours, ouvrant ainsi un avenir thérapeutique très riche dans la prise en charge des CE.

Association immunothérapie et chimiothérapie : vers un nouveau standard dans les cancers du sein triple négatifs

La prise en charge des cancers du sein triple négatifs qui a longtemps reposé sur la chimiothérapie seule connaît une évolution majeure avec l’arrivée des inhibiteurs de checkpoint dans l’arsenal thérapeutique. L’essai de phase III Keynote-355 évaluant l’ajout du pembrolizumab à la chimiothérapie en première ligne métastatique a montré un bénéfice sans précédent, notamment en termes de survie globale avec un gain de près de 7 mois chez des patientes dont la médiane de survie est estimée jusqu’alors à 14,8 mois. Nous rapportons le cas d’une patiente traitée dans le cadre de cet essai dont la survie sans progression et la survie globale sont le reflet du bénéfice de cette nouvelle association devenue un nouveau standard thérapeutique.

Les CAR-T cells et l’analyse spatiale des tumeurs, les vedettes du congrès de l’association américaine de recherche sur le cancer AACR 2022

INTRODUCTION
Les gliomes malins de l’enfant représentent 16 % des tumeurs cérébrales pédiatriques. Ces tumeurs qui se produisent de novo sont de pronostic très défavorable et demeurent le plus grand défi thérapeutique en neurooncologie pédiatrique. Robbie G. Majzner de l’équipe de Crystal Mackall à l’Université de Stanford, Palo Alto aux États-Unis, a présenté des résultats très encourageants utilisant les CAR-T ciblant le disialoganglioside GD2 qui est exprimé à des taux élevés dans les DMG et les DIPG mutés sur l’histone H3 K27 (H3K27M).

Immunothérapie et hospitalisation à domicile

L’immunothérapie constitue un changement de paradigme majeur en oncologie, ciblant non plus les cellules cancéreuses mais le système immunitaire de l’hôte. Les inhibiteurs des points de rétrocontrôle de la réponse immunitaire ou inhibiteurs de checkpoints, anti-PD-1 (Programmed cell death 1), anti-PD-L1 (Programmed death-ligand 1) et anti-CTLA-4 (cytotoxic T-lymphocyte associated protein 4), représentent ainsi une véritable révolution en oncologie par leur capacité à restaurer chez certains patients une réponse immunitaire antitumorale parfois capable d’éliminer en apparence la totalité des cellules tumorales et d’obtenir une rémission complète durable.

Vaccination anti-SARS-CoV-2/Covid-19 et inhibiteurs de points de contrôle immunitaire dans le cancer

INTRODUCTION
Depuis mars 2020, la pandémie de coronavirus SARS-CoV-2 a touché plus de 6 000 000 de personnes dans le monde 1,2 avec des répercussions médicales, économiques et sociales. À l’échelle mondiale, la prévalence rapportée de patients atteints de Covid-19 et de cancer varie de 0,5 % à 6,0 % dans les différentes séries. À travers ces séries, il est apparu que les patients atteints de cancer présentaient un risque environ 2 fois plus élevé de développer une infection grave à la Covid-19 comparativement aux patients non cancéreux 3. Ces études ont également montré qu’au-delà des facteurs de risque établis d’évolution vers une forme grave (HTA, obésité, âge, diabète…), les types de cancer et de traitement antinéoplasique sont des facteurs de risque indépendants de gravité.

Rôle de la plasticité phénotypique tumorale dans la résistance aux immunothérapies dans le mélanome

Les anticorps anti-PD-1 et anti-CTLA-4 ont amélioré la survie des patients atteints de mélanome métastatique mais 50 % d’entre eux développent des résistances, innées ou acquises. Au-delà des paramètres immunitaires, la plasticité des cellules cancéreuses, dont le rôle reste à préciser, apparaît comme un mécanisme clé contrôlant la résistance aux traitements, dont les immunothérapies. Le but de ce travail sera de mieux comprendre si la plasticité des cellules de mélanome joue un rôle dans la résistance aux immunothérapies. Dans cette étude, des biopsies cutanées seront analysées à partir d’une cohorte de 40 patients atteints d’un mélanome de stade IV traités par anti-PD-1 en 1re ligne et d’une cohorte de 60 patients atteints d’un mélanome de stade III traités par anti-PD-1 en adjuvant. Les interactions entre les clones tumoraux et les cellules immunitaires seront analysées de manière spatiale à l’échelle de la cellule unique par l’analyse de 5 panels multi-IF réalisés sur lames sériées. La fréquence, l’intensité de chaque marqueur, la localisation spatiale ainsi que la distance entre les différents types cellulaires seront étudiées. Parallèlement, une analyse par RNA-seq permettra ainsi la déconvolution du transcriptome et l’analyse de l’enrichissement des signatures transcriptomiques associées à des mécanismes de réponse ou d’échappement immunitaire. La finalité du projet sera la construction d’un score composite alliant des marqueurs immunitaires et de plasticité tumorale permettant de mieux discriminer les patients bénéficiant de l’immunothérapie.