Éditorial

Cher(e)s collègues,

C’est avec plaisir que je vous présente ce nouveau numéro de LA REVUE Immunité & Cancer, et vous ne serez pas déçus. Par son côté transversal et la richesse de son contenu, le dossier thématique (David Tougeron, Frédéric Bibeau, Amina Larbi, Atanas Pachev, Franck Monnien, Alexis Overs, Chloé Molimard, Thomas Aparicio) sur les nouvelles pistes de traitement par immunothérapie dans les cancers digestifs va être d’un grand intérêt pour les cliniciens. Vous y serez informés des résultats extrêmement encourageants des essais néoadjuvants. Le dossier dresse la liste des autorisations de mise sur le marché (AMM) avec remboursement en France, la liste des résultats des différents essais d’immunothérapie en cours, et discute les résultats selon les localisations. Il présente aussi une mise à jour des critères histologiques de sélection des patients et des critères radiologiques de réponse, en particulier dans les essais néoadjuvants.

Après la révolution thérapeutique des « immune checkpoint inhibitors », une révolution d’un tout autre ordre s’annonce dans le domaine du diagnostic des cancers avec l’arrivée de l’intelligence artifi cielle. Vous trouverez une passionnante mise au point (Qinghe Zeng, Christophe Klein, Julien Calderaro, Jean-François Emile, François Ghiringhelli, Philippe Bertheau, Amine Marzouki, Zhuxian Guo, Camille Kurtz, Nicolas Lomenie) qui en trace les grands principes et en illustre les applications. Vous pourrez aussi appréhender les défi s auxquels les anatomo-pathologistes devront très probablement faire face dans les années qui viennent pour incorporer ces
nouvelles approches dans leur pratique.

Les « immune checkpoint » et leur ligand PD-L1 sont des molécules transmembranaires qui régulent négativement l’activation cellulaire. L’œil de l’interne (Émilien Billon, Laurent Gorvel, Daniel Olive) vous montre qu’ils peuvent également produire des formes solubles par clivage de leur domaine extracellulaire ou par épissage alternatif de l’ARNm. Ces formes solubles peuvent exercer une fonction suppressive, comme la forme soluble de PD-L1 en se combinant à PD-1.

Lors de l’ASCO 2023, l’intérêt de la combinaison chimiothérapie, anti-PD-1 et anti-angiogénique en stratégie de 1re intention a été validé dans le cancer du col de l’utérus, les données actualisées de l’ajout du pembrolizumab à la chimiothérapie ± bévacizumab ayant confirmé la réduction significative du risque de décès chez ces patientes (40 %). La présentation de ces résultats a entraîné rapidement l’approbation par la Food and Drug Administration (FDA) puis par l’Agence européenne des médicaments (EMA) de la combinaison dans cette indication (cf. Article bref, Ludivine Godon).

Du côté des CAR T-cells, l’article bref de Sylvain Choquet et Caroline Houillier présente les résultats très encourageants de la plus grande série mondiale de lymphomes primitifs du système nerveux central (LPNSC) en rechute du réseau expert national (LOC), utilisant les CAR T-cells anti-CD19 au moins en 2e rechute et non éligibles pour une autogreffe.

Enfin, le cas clinique (Lionel Falchero, Emmanuel Grolleau, Bertrand Mennecier) nous raconte un succès, l’histoire d’un patient atteint d’un cancer bronchique à petites cellules (CBPC) diff us ayant bénéficié d’une survie de 3 ans grâce à l’anti-PD-L1, qui illustre l’intérêt d’identifier des marqueurs de réponse dans cette pathologie.

Bonne lecture à tous et rendez-vous à l’ESMO et/ou aux prochaines Journées Scientifiques Immunité & Cancer (8es JSIC) !

Pr Catherine SAUTÈS-FRIDMAN
Rédactrice en chef de LA REVUE Immunité & Cancer

Rev Immun Cancer 2023 ; 7 (1) : 5.