Éditorial

Cher(e)s collègues,

Le cancer hépatocellulaire présente un microenvironnement tumoral peu favorable sur le plan de la réponse immunitaire, comme l’atteste l’inhibition de la maturation des structures lymphoïdes tertiaires qui permettent l’activation immunitaire locale et abritent les cellules T progénitrices cibles des anti-ICI. Le dossier thématique de ce numéro présente une revue détaillée sur les traitements immunomodulateurs actuels du cancer hépatocellulaire, cancer auquel nous n’avons consacré que peu d’articles jusqu’à présent. Bien que les anti-ICI aient amélioré la survie globale des patients de manière significative par rapport aux anti-angiogéniques, la proportion de répondeurs reste faible, suggérant la nécessité de les combiner avec d’autres modulateurs du microenvironnement tumoral. Vous trouverez les résultats actuels de leur utilisation en préclinique/clinique en combinaison avec des anti-angiogéniques et y apprendrez que leur administration par voie locorégionale semble favoriser l’induction de lymphocytes T CD8 cytotoxiques. Enfin, la consultation de la longue liste des essais de leur combinaison à des vaccins à ADN ou à ARN laisse prévoir une actualité à suivre dans le domaine (cf. Dossier thématique, Carole Fournier, Zuzana Macek Jilkova, Patrice N Marche, Julien Ghelfi , Thomas Decaens).

La présentation des antigènes tumoraux par les cellules dendritiques est une étape clef de la génération des réponses immunitaires, y compris antitumorales. Les cellules dendritiques qui présentent une grande hétérogénéité cellulaire ont été les actrices des premiers vaccins avec Provenge et font encore l’objet de nombreux essais thérapeutiques. L’oeil de l’interne traite des vaccins utilisant une catégorie hautement immunogénique de cellules dendritiques, les cellules dendritiques plasmacytoïdes, pour lesquelles les études précliniques ont montré leur efficacité et des études cliniques leur innocuité, suggérant leur utilisation en combinaison avec les anti-ICI (cf. OEil de l’interne, Anthony Maino, Laurence Chaperot).

Comme observé pour les anti-ICI, les CAR T-cells remontent les lignes. Chez les patients atteints de lymphomes folliculaires, l’administration du CAR T-cell autologue anti-CD19 lisocabtagene maraleucel (liso-cel) a permis d’obtenir des réponses complètes chez 94 % des patients en 3e ligne de traitement. Dans l’article bref (Hamza Manjra, Gabriel Brisou), vous apprendrez que son administration en 2e ligne induit un tout aussi bon taux de réponse, associée à un profi l de toxicité favorable. Un second article présente une activité favorable du CAR-T anti-CD19 liso-cel dans la maladie de Waldenström transformée, avec des taux de réponse similaires à ceux obtenus dans le lymphome folliculaire transformé (cf. Article bref, Nicolas Stocker, Éric Durot).

Le cas clinique, qui présente l’induction d’une hépatite auto-immune de grade 3 chez un patient de 72 ans traité en monothérapie par anti-ICI pour un cancer du poumon métastatique, encourage à rechercher des marqueurs d’événements indésirables d’origine immunitaire, non seulement dans la population générale mais aussi pour cette catégorie de patients (cf. Cas clinique, Lucile Pabst, Sébastien Lopes, Céline Mascaux).

Un très grand merci à tous les auteurs qui ont participé à ce numéro et aux numéros précédents. LA REVUE Immunité & Cancer est indépendante, un abonnement gratuit d’un an est le seul avantage qu’on peut leur proposer. L’été peut être propice à des réflexions studieuses : alors pensez à LA REVUE Immunité & Cancer, prenez la plume et n’hésitez pas à nous contacter !

Bon été à tous !

Pr Catherine SAUTÈS-FRIDMAN
Rédactrice en chef de LA REVUE Immunité & Cancer

Rev Immun Cancer 2024 ; 8 (2) : 63.