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Gestion des toxicités immuno-médiées – Partie II : Toxicités musculaires, cardiologiques, néphrologiques, hématologiques et toxicités rares

La stratégie thérapeutique visant à bloquer les points de contrôle immunitaires a montré des résultats remarquables dans le traitement du cancer en augmentant l’immunité antitumorale. Parmi les points de contrôle immunitaire on distingue : le récepteur inhibiteur de la mort cellulaire programmée (PD-1), son ligand (PD-L1) et l’antigène 4 des lymphocytes T cytotoxiques (CTLA-4). Plusieurs anticorps dirigés contre les points de contrôle immunitaires (ICI) ont prouvé leur efficacité dans la survie globale des patients. En stimulant le système immunitaire, les ICI peuvent induire des effets secondaires décrits comme des effets indésirables immunomédiés (Immune related adverse events – IrAE). Bien que n’importe quel organe puisse être touché, les irAE concernent le plus souvent le tractus gastro-intestinal, les glandes endocrines, la peau et le foie. Le système nerveux central et les systèmes cardiovasculaire, pulmonaire, musculo-squelettique, néphrologique et hématologique sont moins fréquemment concernés. Le large éventail d’événements indésirables potentiels liés au système immunitaire nécessite une prise en charge multidisciplinaire et collaborative par les spécialistes d’organes impliqués. Plusieurs organisations professionnelles s’efforcent d’harmoniser le consensus des experts sur la prise en charge des irAE. La population croissante de patients atteints de cancer traités avec un ICI nous incite à établir des schémas de surveillance et de prise en charge spécifiques. En se basant sur les données de la littérature et les revues d’experts, nous avons abordé dans le précédent numéro de La Revue Immunité & Cancer, la prise en charge des irAE digestifs, pancréatiques et hépatiques. Nous abordons dans ce numéro les irAE musculaires, cardiaques, pulmonaires, neurologiques, néphrologiques, hématologiques ainsi que ceux plus rares qui sont pris en charge en médecine interne.

Quand l’immunothérapie rebat les cartes de la prise en charge du cancer de l’endomètre

Le standard de prise en charge des cancers de l’endomètre de stade avancé en première ligne repose désormais sur l’association d’une chimiothérapie et d’une immunothérapie anti-PD-1, quel que soit le sous-type moléculaire tumoral. Le bénéfice de cette association est particulièrement marqué chez les patientes présentant un déficit de réparation des mésappariements de l’ADN, posant la question de l’épargne de la chimiothérapie dans cette population. Nous présentons le cas d’une patiente atteinte d’un adénocarcinome endométrioïde de haut grade de l’endomètre non accessible à un traitement locorégional, présentant un déficit de l’expression des protéines du système de réparation des mésappariements de l’ADN. Un traitement par immunothérapie et chimiothérapie permettra une amélioration clinique nette et l’obtention d’une réponse tumorale complète. Si l’avènement de l’immunothérapie en première ligne des cancers de l’endomètre de stade avancé est prometteur, plusieurs questions sont aujourd’hui soulevées, comme la place du traitement locorégional en cas de très bonne réponse ou la durée de la maintenance par immunothérapie.

Actualités 2024 sur les anticorps bispécifiques dans les lymphomes B et le myélome multiple

La révolution de l’immunothérapie est en marche dans les hémopathies lymphoïdes. Tandis que l’immunothérapie cellulaire autologue (cellules à récepteur T chimérique, CAR T-cell) a provoqué un changement majeur dans la prise en charge des hémopathies lymphoïdes B malignes (myélome, lymphome B agressif, lymphome folliculaire, lymphome à cellules du manteau), les anticorps bispécifiques (AcBs) viennent compléter l’arsenal thérapeutique voire remplacer certaines de leurs indications. Il s’agit d’anticorps qui reconnaissent deux épitopes antigéniques différents, d’un côté spécifiquement le CD3, exprimé à la surface des lymphocytes T, et de l’autre un antigène de surface des cellules tumorales, les plasmocytes dans le myélome. Ils permettent ainsi de rapprocher l’effecteur et sa cible, ce qui déclenche l’activation des lymphocytes T et la lyse des cellules tumorales.

Gestion des toxicités immuno-médiées – Partie I : Toxicités hépatiques, digestives et pancréatiques

La stratégie thérapeutique visant à bloquer les points de contrôle immunitaires a montré des résultats remarquables dans le traitement du cancer en augmentant l’immunité antitumorale. Parmi les points de contrôle immunitaire, on distingue : le récepteur inhibiteur de la mort cellulaire programmée (PD-1), son ligand (PD-L1) et l’antigène 4 des lymphocytes T cytotoxiques (CTLA-4). Plusieurs anticorps dirigés contre les points de contrôle immunitaires (ICI) ont prouvé leur efficacité dans la survie globale des patients. En stimulant le système immunitaire, les ICI peuvent induire des effets secondaires décrits comme des effets indésirables immunomédiés (Immune related adverse events – IrAE). Bien que n’importe quel organe puisse être touché, les irAE concernent le plus souvent le tractus gastro-intestinal, les glandes endocrines, la peau et le foie. Le système nerveux central et les systèmes cardiovasculaire, pulmonaire, musculo-squelettique, néphrologique et hématologique sont moins fréquemment concernés. Le large éventail d’événements indésirables potentiels liés au système immunitaire nécessite une prise en charge multidisciplinaire et collaborative par les spécialistes d’organes impliqués. Plusieurs organisations professionnelles s’efforcent d’harmoniser le consensus des experts sur la prise en charge des irAE. La population croissante de patients atteints de cancer traités avec un ICI nous incite à établir des schémas de surveillance et de prise en charge spécifiques. En se basant sur les données de la littérature et les revues d’experts, nous allons détailler dans ce numéro de La Revue Immunité & Cancer la prise en charge des irAE digestifs, pancréatiques et hépatiques. Nous aborderons dans le prochain numéro les irAE cardiaques, pulmonaires, neurologiques, néphrologiques, hématologiques ainsi que ceux, plus rares, pris en charge en médecine interne. Certains de ces irAE peuvent être graves, mettent en jeu le pronostic vital des patients et doivent donc être identifiés rapidement pour une prise en charge optimale. La prévention, la reconnaissance et leur traitement précoce permettent de réduire leur impact sur la prise en charge et la poursuite du traitement anticancéreux.

Enjeux actuels autour des thérapies combinées de carcinome hépatocellulaire : immunomodulations et vaccins

Le cancer du foie, dont le carcinome hépatocellulaire (CHC) représente 80 % des cas de cancer primitif, est l’une des causes les plus courantes de décès liés au cancer avec une incidence en constante augmentation. L’absence de traitement efficace et les difficultés de diagnostic précoce en font un cancer de mauvais pronostic par le plan stratégique national décennal de lutte contre le cancer (survie nette standardisée à 5 ans de seulement 18 %). Bien que les immunothérapies aient amélioré la survie globale des patients atteints de CHC de manière significative par rapport au sorafénib, la proportion de répondeurs reste faible. Dans cette revue, nous présenterons les différentes combinaisons thérapeutiques conduisant à des immunomodulations favorables à l’amélioration des traitements du CHC en préclinique et en clinique. Plus précisément, les approches combinatoires incluant les thérapies locorégionales ou la vaccination en association avec notamment les inhibiteurs de points de contrôle immunitaire seront détaillées.

Cancer bronchique non à petites cellules : la place de l’immunothérapie chez le sujet âgé

Si l’arrivée de l’immunothérapie dans la prise en charge du cancer bronchique non à petites cellules (CBNPC) avancé ou métastatique a permis d’en améliorer significativement la survie globale comme la survie sans progression, le bénéfice chez les patients âgés est moins évident. En effet, le concept d’immunosénescence aurait tendance à décourager l’utilisation des inhibiteurs de point de contrôle immunitaire (ICI) dans cette population. Pourtant, les analyses en sous-groupes dans les études princeps semblent montrer qu’une partie des sujets âgés bénéficient quand même de ce traitement. Le statut PD-L1 est actuellement le seul biomarqueur prédictif reconnu en pratique clinique mais, outre ses limites en termes de prédiction de l’efficacité de l’immunothérapie, il est incapable de prédire le risque d’hyper-progression ou de survenue d’événements indésirables immuno-induits. Avec le vieillissement évident de la population et l’augmentation de l’incidence du CBNPC dans la population générale, l’enjeu des récentes études est donc d’identifier les patients âgés chez qui l’immunothérapie est la plus à même de fonctionner avec un risque de toxicité moindre. L’immunosénescence et ses marqueurs pourraient renfermer la clé de cette identification. Nous rapportons ici l’exemple d’un patient de plus de 70 ans traité par ICI en monothérapie pour un CBNPC métastatique et qui a présenté une hépatite auto-immune de grade 3.

Place des cellules dendritiques plasmacytoïdes en immunothérapie anticancéreuse

L’essor des immunothérapies au cours des dernières années a permis une amélioration considérable dans la prise en charge des cancers et la survie des patients. Ces traitements permettent de rétablir des réponses immunitaires fonctionnelles ou ciblées, en particulier avec l’utilisation des inhibiteurs de points de contrôle immunitaires ou des CAR T-cells. D’autres approches sont également à l’étude, comme les vaccins thérapeutiques utilisant les cellules dendritiques plasmacytoïdes afin de stimuler les réponses T spécifiques. Les études précliniques ont montré l’efficacité de ces cellules in vitro et trois études cliniques ont permis de montrer l’innocuité de ces traitements. La corrélation avec l’efficacité in vivo et la supériorité de cette approche reste à démontrer sur de plus larges études mais les vaccins thérapeutiques se positionnent néanmoins comme une approche prometteuse pour une utilisation synergique en combinaison avec les traitements actuels.

Indications et place des immunothérapies dans la stratégie thérapeutique des cancers en 2023

Depuis quelques années, l’immunothérapie prend une place de plus en plus importante dans les stratégies thérapeutiques en oncologie et en oncohématologie. Elle se positionne aujourd’hui comme un standard de traitement dans les cancers digestifs, gynécologiques, du sein, cutanés, de la sphère ORL, thoraciques, génito-urinaires, ainsi que dans certaines hémopathies malignes. À travers les actualités de cette année, la révolution de l’immunothérapie en oncologie solide persiste et signe, avec une remontée des lignes dans plusieurs algorithmes de traitement, qui remettent même en cause la chirurgie dans certaines situations. De même, dans les hémopathies malignes, les approches d’immunothérapie (CAR T-cells et les anticorps bispécifiques) confirment leur place aux stades avancés dans le lymphome et le myélome multiple et montrent des résultats positifs, plus ou moins matures, dans les lignes antérieures de traitement. En revanche, l’immunothérapie n’a pas encore trouvé sa place dans les cancers de l’ovaire ou les glioblastomes, avec pour ces derniers un avenir qui se dessine avec des approches vaccinales antigènes-spécifiques. Aujourd’hui, plusieurs essais sont en cours afin de sélectionner les patients qui bénéficieraient d’une meilleure prise en charge et d’enrichir l’arsenal thérapeutique de ces différentes tumeurs.

Cancer du sein triple négatif métastatique : à propos d’un cas

Le cancer du sein est le cancer féminin le plus fréquent. Malgré de très importantes avancées réalisées dans la prise en charge de ce cancer ces dernières années, certaines formes restent difficiles à traiter. C’est le cas du cancer triple négatif, une forme agressive qui représente 15 % des cas de cancer du sein. L’arrivée de nouvelles thérapies telles que l’immunothérapie, les inhibiteurs de PARP, les anticorps conjugués permet une amélioration de la survie sans progression et de la survie globale. Nous rapportons ici le cas d’une patiente avec un cancer du sein métastatique triple négatif ayant pu bénéficier des traitements successifs d’immunothérapie, inhibiteur de PARP et anticorps conjugués.

Lymphocytes B et TLS en immunité antitumorale et en immunothérapie

Depuis quelques années, le concept selon lequel l’immunité antitumorale reposerait quasiment exclusivement sur les lymphocytes T est remis en question. Les lymphocytes B, initialement décrits comme favorisant la croissance tumorale, ont été démontrés dans de nombreuses études récentes comme des alliés de taille pour combattre les tumeurs. Ces cellules de l’immunité adaptative expriment un récepteur d’antigène et peuvent être activées à la fois dans des organes lymphoïdes secondaires et in situ, comme dans les tumeurs humaines au sein de « structures lymphoïdes tertiaires » (Tertiary Lymphoïd Structures [TLS]) permettant l’activation locale des réponses antitumorales. Une fois activés, les lymphocytes B peuvent se différencier en plasmocytes produisant des anticorps dont les isotypes et les fonctions sont divers. Après une révision des fonctions et de la différenciation des lymphocytes B dans les organes lymphoïdes secondaires et de la structure et des fonctions des anticorps, cet article décrit le rôle des lymphocytes B et des TLS dans les défenses antitumorales et l’utilisation des TLS comme biomarqueurs de réponse aux immunothérapies.