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Changement de paradigme quant au rôle des macrophages dans l’immunité antitumorale

Le rôle joué par les macrophages dans la réponse antitumorale a longtemps été analysé à travers la dichotomie entre macrophages de type M1 et macrophages de type M2. En effet, les M1, à phénotype pro-inflammatoire, étaient associés à une activité antitumorale, tandis que les M2, de nature anti-inflammatoire, favorisaient la croissance tumorale par la sécrétion de molécules immunosuppressives. Toutefois, les résultats décevants de nombreux essais thérapeutiques visant ces cellules myéloïdes ont remis en question cette classification binaire. En se concentrant spécifiquement sur les cellules monocytaires et macrophagiques CD206+, partie intégrante des M2, les auteurs ont développé un modèle murin de mélanome permettant de suivre et de dépléter ces cellules. Grâce à ce modèle unique, les auteurs ont démontré que les cellules monocytaires et macrophagiques CD206+ faisaient partie intégrante d’un axe antitumoral incluant aussi les cellules NK, les cellules dendritiques conventionnelles cDC1 et les lymphocytes T CD8. Ces observations ont ensuite été corroborées chez l’homme à l’aide de bases de données publiques. Toutefois, certaines limites de cette étude empêchent une généralisation des résultats à d’autres types tumoraux et seule une déplétion précoce des cellules monocytaires et macrophagiques CD206+ perturbait l’établissement de l’axe antitumoral préalablement cité. En conclusion, ces résultats illustrent de manière convaincante l’implication des cellules monocytaires et macrophagiques CD206+ dans l’immunité antitumorale. Néanmoins, ils nécessitent d’être confirmés dans d’autres contextes, pour divers types tumoraux et de manière formelle chez l’homme.

Cellules d’origine myéloïde dans le cancer : de multiples acteurs de l’immunité antitumorale

Parmi toutes les cellules immunitaires, les cellules myéloïdes sont les cellules hématopoïétiques nucléées les plus abondantes dans le corps humain et sont des acteurs centraux de la réponse immunitaire innée et adaptative. Elles jouent un rôle important dans l’homéostasie tissulaire, le processus de réparation ainsi que la défense contre les agents pathogènes. Les cellules myéloïdes sont caractérisées par des populations cellulaires distinctes ayant des fonctions très diverses, notamment les macrophages, les cellules myéloïdes suppressives (MDSCs), les neutrophiles et les cellules dendritiques (DCs). Dans le microenvironnement tumoral (TME), l’interaction entre les cellules myéloïdes et les cellules T spécifiques à la tumeur est essentielle pour initier et maintenir une immunité antitumorale. Dans les tumeurs malignes, les macrophages associés aux tumeurs (TAMs), les MDSCs et les neutrophiles associés aux tumeurs (TANs) favorisent la progression de la maladie en soutenant la survie, la prolifération et l’invasion des cellules cancéreuses et en supprimant les réponses immunitaires adaptatives. Les résultats cliniques et expérimentaux ont montré que les tumeurs présentant une forte infiltration de TAMs, MDSCs et TANs sont généralement associées à un mauvais pronostic pour le patient et à une résistance aux thérapies. Cependant, la présence de DCs associées aux tumeurs (TADCs) tend à réduire la progression du cancer et est souvent associée à une amélioration de la survie des patients. Par conséquent, supprimer les fonctions pro-tumorales et angiogéniques des TAMs, des MDSCs et des TANs et améliorer la capacité immuno-stimulatrice des TADCs, serait une approche anticancéreuse optimale. Cette revue se focalisera sur les différentes cellules myéloïdes associées aux tumeurs dans le TME, sur le rôle de l’infiltrat myéloïde dans l’immunologie tumorale et leur impact pronostique et/ou prédictif dans les cancers. Cibler les cellules myéloïdes dans les tumeurs est considéré comme une stratégie thérapeutique prometteuse et permettra d’améliorer l’efficacité des traitements actuels dont les immunothérapies.