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Pharmacocinétique, pharmacodynamie et stratégies de désescalade des inhibiteurs de points de contrôle immunitaire

Les inhibiteurs de points de contrôle immunitaire (ICIs) ont révolutionné la prise en charge des cancers avancés tels que le mélanome, le cancer bronchique non à petites cellules et le carcinome rénal. Leur pharmacocinétique, comparable à celle des autres anticorps monoclonaux, est marquée par une variabilité interindividuelle influencée par l’albuminémie, l’état inflammatoire et la cachexie, entraînant une augmentation de la clairance d’élimination, dynamique chez les patients répondeurs. Sur le plan pharmacodynamique, les anti-PD-1/PD-L1 atteignent une saturation de cible dès de faibles concentrations, et l’intensification posologique ne se traduit pas par un gain clinique. À l’inverse, l’ipilimumab présente une relation dose-efficacité au prix d’une toxicité accrue. Ces éléments justifient le développement de stratégies de désescalade et d’espacement des doses, avec l’objectif de maintenir l’efficacité tout en réduisant les toxicités et les coûts. Des modèles de pharmacocinétique de population et des essais prospectifs, comme l’essai français MOIO, confirment la faisabilité de schémas allégés. Ainsi, l’intégration des données pharmacocinétiques et pharmacodynamiques, combinée à une meilleure compréhension des facteurs de variabilité clinique, ouvre la voie à une utilisation plus personnalisée et économiquement soutenable des ICIs.

Dose et intervalle d’administration des inhibiteurs de points de contrôle immunitaire : une place pour l’optimisation ?

Les inhibiteurs de points de contrôle immunitaires, anti-CTLA-4 et anti-PD-1/PD-L1, sont des anticorps thérapeutiques monoclonaux qui ne ciblent pas les cellules cancéreuses, mais qui veillent à réactiver ou promouvoir le système immunitaire antitumoral. Le choix des modalités d’administration de ces biothérapies a été fait selon les modèles de développement classiques des médicaments, alors même que la détermination d’une dose maximale tolérée en clinique n’a pu être définie que pour les anti-CTLA-4. Tenant compte de la pharmacologie des anticorps monoclonaux, des variabilités pharmacocinétiques interindividuelles fortes, du bénéfice clinique réel uniquement pour une certaine fraction de patients, et du coût non négligeable de ces traitements, le sujet de la dose retenue et des schémas d’administration utilisés interroge. Cette revue vise à retracer l’histoire du développement de ces immunothérapies et d’envisager quelles pourraient être les actions d’optimisation de leur utilisation en clinique.

Relations PK/PD des anticorps monoclonaux thérapeutiques utilisés en cancérologie

Les anticorps monoclonaux utilisés en cancérologie, qu’ils soient de thérapie moléculaire ciblée, couplés à des cytotoxiques ou dirigés contre les checkpoints immunitaires, présentent une pharmacocinétique complexe essentiellement déterminée par leurs caractéristiques physico-chimiques. Des études démontrent l’existence de relations pharmacocinétiques-pharmacodynamiques pour nombre d’entre eux. Même si celles-ci mériteraient d’être plus nombreuses et d’être menées dès les phases cliniques précoces de manière prospective, elles indiquent la nécessité d’intégrer les données pharmacocinétiques des biothérapies dans la prise en charge thérapeutique des patients atteints de cancer pour en optimiser l’utilisation.