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Immunothérapies et cancers viro-induits

Les virus jouent un rôle majeur dans le développement de nombreuses pathologies, et notamment dans la genèse de certains cancers. Presque un cancer sur six peut être attribué à des agents pathogènes, comme des virus tels que les virus des hépatites B et C, le virus d’Epstein-Barr (EBV) ou l’herpès virus 8 (HHV-8). Par ailleurs, le risque de développer un cancer, en particulier vira-induit, après une transplantation d’organe et un traitement immunosuppressif nécessaire pour prévenir  le rejet  de greffe, ou chez un patient  infecté  par le VIH, est augmenté. Nous faisons le point sur les spécificités des cancers vira-induits sur le plan immunologique, et celui des  effets indésirables et de la prise en charge des patients. Les stratégies thérapeutiques de ces cancers, et en particulier la place des inhibiteurs de checkpoints seront discutés dans la  maladie  de  Kaposi  et le  carci­nome à cellules de Merkel, deux types de cancers de la peau viro-induits. Nous aborderons ensuite les mécanismes de cancérogénèse des lymphomes EBV-induits, ainsi que le développement des stratégies thérapeutiques innovantes liées au virus.

Virus et cancer

Le caractère oncogène de certains virus humains a été découvert dans le milieu du XXe siècle avec, notamment, la découverte du rôle du virus Epstein Barr dans les lymphomes de Burkitt. Depuis cette époque, la recherche scientifique s’est intéressée à ce lien de causalité entre infection virale et cancer et a permis de décrire de nombreux mécanismes directs ou indirects portés par le virus, et à l’origine de la transformation cellulaire. Il est clair en particulier que l’interaction entre le virus et le système immunitaire joue un rôle dans l’émergence tumorale. L’identification de l’agent viral comme cause du cancer a notamment permis l’avènement des premiers vaccins contre le cancer : le vaccin prophylactique anti-hépatite B pour la prévention du carcinome du foie et le vaccin anti-HPV contre le cancer du col de l’utérus entre autres. L’intérêt de comprendre et maîtriser ces mécanismes oncogéniques viraux se trouve également dans la découverte potentielle de nou­velles cibles thérapeutiques et de nouveaux marqueurs biologiques prédictifs et pronostiques liés au virus. À ce jour, 7 virus ont été identifiés comme agents carcinogènes et responsables d’environ 1,4 million de cancers à travers le monde. La revue que nous vous présentons se concentre essentiellement sur la description de deux grandes familles de virus oncogènes : les Papillomavirus humains et les Herpès virus.